Marginalisation et mise au pas Evelyn Hecht-Galinski Traduction : Christiane Reynaud

 

Marginalisation et mise au pas

Evelyn Hecht-Galinski

Commentaire du 31 janvier 2023

Texte original : https://www.sicht-vom-hochblauen.de/ausgrenzung-und-gleichschaltung-von-evelyn-hecht-galinski-kommentar-vom-hochblauen/

Traduction : Christiane Reynaud

 

Le lundi 30 janvier a eu lieu l’anniversaire de la prise de pouvoir par Hitler et les nazis. Cette date me revient constamment à l’esprit quand j’observe l’année 2023 et le mois de janvier. Je vois de plus en plus les terribles parallèles. Cela me sidère et me met en même temps en colère face à mon sentiment de marginalisation. La tentative insidieuse de mise au pas totale médiatique et politique si visible est une réalité. Nous « devons être vigilants et « plus jamais ça » sont des formules courantes. Mais la vigilance ne suffit pas au citoyen ordinaire pour arriver à bout de ce viol propagandiste médiatique et politique. Comme les temps se ressemblent !

 

Marteler les esprits, peaufiner et graver dans le cerveau des gens jusqu’à ce qu’ils tombent sous l’emprise

Depuis que la guerre est menée contre la Russie – ce qui est confirmé entre-temps par la ministre allemande des Affaires étrangères – les médias sont de plus en plus utilisés abusivement par la politique pour faire passer au commun des mortels les immenses quantités de milliards d’euros pour l’Ukraine corrompue. Pour moi, c’est un lointain souvenir du ministre nazi de la propagande Joseph Goebbels s’adressant aux responsables de la radio de l’époque : « Marteler les esprits, peaufiner et graver dans le cerveau des gens jusqu’à ce qu’ils tombent sous notre emprise. C’est l’une des tâches principales de la radio allemande, l’une des tâches principales des sociétés de diffusion… » https://www.swr.de/swr2/wissen/archivradio/joseph-goebbels-1933-der-rundfunk-gehoert-uns-100.html

Sous les nazis, il y avait des médias contrôlés par l’État qui avaient perdu toute crédibilité. Aujourd’hui, nous avons des médias alignés qui écrivent volontairement ce qui convient à l’État. Toute opinion contraire est immédiatement dénoncée. Quand une opinion divergente échappe à quelqu’un, comme ce fut le cas d’un commentaire de la journaliste de la chaine MDR Rommy Arndt qui s’est prononcée pour de bonnes raisons contre la livraison d’armes lourdes à l’Ukraine, un flot d’insanités s’abat sur elle. En ces « temps de guerre », le journalisme propre n’est plus de mise – et une opinion personnelle encore moins. https://www.nachdenkseiten.de/?p=92926

La chaîne publique allemande Deutsche Welle a déjà été critiquée après des reportages critiques envers Israël ou de collaborateurs prétendument proches du mouvement de boycott BDS, dont certains ont été licenciés ou mutés.

https://www.tagesspiegel.de/politik/die-arabische-normalitat-passt-oft-nicht-zu-deutschen-geboten-4296745.html

https://www.faz.net/aktuell/feuilleton/medien/deutsche-welle-raeumt-fehler-in-israel-bericht-ein-hamas-darf-reden-18584003.html

https://www.tagesspiegel.de/gesellschaft/medien/deutsche-welle-trennt-sich-von-funf-mitarbeitern-4307893.html

 

Je connais depuis des années, par expérience personnelle, le rapport entre « l’État juif » et la critique médiatique. En tant que concernée, je ne connais aussi que trop le travail de propagande du lobby judéo-israélien, depuis des décennies, et ses liens avec la politique et les médias complaisants. Et là aussi, la situation s’est encore considérablement aggravée ces dernières années.

 

Sous l’ordre des États-Unis et de l’OTAN : conforme au gouvernement et peu crédible

Mais revenons à la couverture médiatique des événements en Ukraine. Celle des médias dominants et des chaînes de télévision publiques est si conforme au gouvernement et si peu crédible que je n’aurais jamais cru cela possible. Les « infox » sont répétées et reprises par les politiciens jusqu’à ce qu’une partie de la population allemande soit convaincue de cette « vérité ». Des vérités désagréables sont aussi tues, comme les morts de Louhansk à la suite d’une attaque ukrainienne contre l’hôpital : les chaines ZDF et ARD ne trouvent pas que cela vaille la peine d’en parler, alors que Gesine Dornblüth peut diffuser sans filtre sur la radio d’État Deutschlandfunk de la propagande ukrainienne qui présente l’attentat de Louhansk comme un « conte russe invérifiable ». Cette correspondante, l’un des nombreux soutiens convaincus de l’Ukraine, doit servir d’exemple avec Sabine Adler, deux personnes qui « connaissent leur métier ». Ce sont surtout les « Amazones » allemandes, avides de guerre et de davantage d’armes, qui m’ont appris ce que c’est d’avoir peur !

Alors que la moitié des Allemands s’opposent aux livraisons de chars allemands à l’Ukraine, il en va tout autrement pour les installations nucléaires ; plus de 80 % se prononcent en faveur du maintien des centrales nucléaires. Sur les deux sujets, l’avis de la moitié de la population a été écrasé et ignoré. Ni l’ex-chancelière Merkel ni son successeur Scholz ne prêtent oreille à la moitié de la population. Ils ont certes été élus pour gouverner l’Allemagne, mais ils agissent pour le compte des Etats-Unis et de l’OTAN.

A peine le nouveau ministre de la guerre Pistorius est en fonction qu’il réclame plus d’argent pour l’armée allemande. A son avis, 100 milliards de « dettes spéciales » ne suffisent pas. . Pistorius veut également augmenter le « budget régulier de guerre ». L’objectif de l’OTAN de 2 % n’a pas été atteint, mais on rêve de 3 à 4 % pour l’avenir : après tout « Poutine est déjà à nos portes ».

 

Les États-Unis envoient des vassaux faire la guerre à la Russie

Bien que la ministre des Affaires étrangères  Baerbock ait ouvertement annoncé que l’Allemagne était en guerre contre la Russie, le chancelier le dément. Je vois déjà l’avenir devant moi : nous livrons des chars, bientôt encore des avions de combat, comme Zelensky le réclame avec insolence, et pour finir, des soldats allemands de la Bundeswehr seront de nouveau sur le front de l’Est contre la Russie, comme il y a 80 ans. Cela fera la joie de « l’allié » outre-Atlantique, qui ne fait jamais la guerre dans son propre pays, mais envoie toujours ses vassaux à l’abattoir.

Le président américain Biden a déclaré lundi 30 janvier 2023 que les Etats-Unis ne fourniraient pas de chasseurs F-16 à l’Ukraine. Mais nous savons entre-temps ce qu’il faut penser de telles déclarations. Le « petit Napoléon » Macron et le Néerlandais Rutte laissent déjà entendre qu’ils sont ouverts à la livraison d’avions de combat. « En principe, rien n’est exclu ». « Il n’y a pas de tabou, mais ce serait un grand pas », a déclaré Rutte. Toutes ces déclarations ne donnent aucune raison d’espérer, mais font craindre une escalade supplémentaire et toujours plus sanglante. Il semble qu’après 80 ans, la lassitude de la guerre est terminée et les vieux esprits belliqueux se réveillent à nouveau.

Tout ce qui ne semble pas possible aujourd’hui peut devenir demain triste réalité. Que va-t-il arriver si la Russie réagit, oui, soit obligée de réagir et que des bombes tombent à nouveau sur l’Allemagne ? Les batteurs de tambour de guerre ont-ils pensé aux conséquences ? Après tout, ils seront tout aussi concernés. Ou bien se retireront-ils avant et quitteront-ils comme des rats le navire qui coule qu’est l’Allemagne? Les Etats-Unis s’en sortent bien, ils ne seront pas sous le tapis de bombes et la population américaine, dont une grande partie ne sait même pas où se trouve l’Ukraine, continuera à être maintenue dans la bêtise et la pauvreté pendant que « l’élite belligérante » en profitera.

 

Le chancelier Scholz, vassal à la remorque des États-Unis et de l’OTAN

Face au risque de guerre, le chancelier fait appel au peuple : « Faites-moi confiance », et, face aux discussions sur les livraisons d’armes toujours plus nombreuses, il radote sur une « mission de surenchère » qu’il aurait pu refuser s’il avait eu du caractère. Mais malheureusement, en tant que vassal, il est à la remorque des États-Unis/de l’OTAN. . En fin de compte, ce sont la coalition belliqueuse et les politiciens allemands de tous les partis, à l’exception de quelques-uns de la gauche et de l’AfD, qui, tout à fait à juste titre, sont contre les livraisons d’armes à l’Ukraine. Il n’est toutefois pas nécessaire d’être de gauche ou de droite pour s’opposer à une guerre avec la Russie en oubliant l’histoire ! C’est donc désormais le tour des petits-enfants des Allemands qui ont déjà combattu la Russie et l’Union soviétique, ce qui avait entraîné 27 millions de morts de guerre.

Cela me fait peur que l’histoire se répète si concrètement car, une fois de plus – si cela devait arriver – ce sera la Russie qui gagnerait. Scholz veut parler à Poutine et rester ouvert à des contacts. Mais de quoi veut-il parler au juste ? Le citoyen allemand n’a-t-il pas le droit de le savoir ? Peut-être veut-il pérorer sur l’amitié indéfectible des vassaux des Etats-Unis et de l’OTAN et de la fidélité à l’Ukraine, et aux ukronazis ? Et que dit le président Poutine intégralement ? Il est clair : ni la Crimée, ni la sécurité de la Fédération de Russie ne sont négociables pour lui. Et c’est juste et compréhensible ! En tant que « chat échaudé » la Russie a tout à fait le droit de formuler des exigences légitimes en matière de garanties de sécurité, tant à l’égard des hypocrites occidentaux que de l’Ukraine.

En attendant, je propose au chancelier Scholz de commencer par parler au chef du nouveau gouvernement d’extrême droite de « l’État juif », Benjamin Netanyahu, d’annoncer la fin de la raison d’État allemande pour cet État d’apartheid, et d’exiger enfin la fin de l’occupation sioniste illégale de la Palestine, et la restitution de toutes les terres volées, sous peine de sanctions. Il pourrait ainsi faire preuve d’un « courage » qu’il montre habituellement contre la Russie.

Nous en avons assez de la marginalisation et de la mise au pas.

 

Gegen die Objektiven

Poème de Bertolt Brecht (1933)

Traduction:

http://www.education-populaire.fr/brecht-nos-defaites-ne-prouvent-rien/

Nos défaites ne prouvent rien

Quand ceux qui luttent contre l’injustice

Montrent leurs visages meurtris

Grande est l’impatience de ceux

Qui vivent en sécurité.

 

De quoi vous plaignez-vous ? demandent-ils

Vous avez lutté contre l’injustice !

C’est elle qui a eu le dessus,

Alors taisez-vous

 

Qui lutte doit savoir perdre !

Qui cherche querelle s’expose au danger !

Qui professe la violence

N’a pas le droit d’accuser la violence !

 

Ah ! Mes amis

Vous qui êtes à l’abri

Pourquoi cette hostilité ? Sommes-nous

Vos ennemis, nous qui sommes les ennemis de l’injustice ?

 

Quand ceux qui luttent contre l’injustice sont vaincus

L’injustice passera-t-elle pour justice ?

Nos défaites, voyez-vous,

Ne prouvent rien, sinon

Que nous sommes trop peu nombreux

À lutter contre l’infamie,

Et nous attendons de ceux qui regardent

Qu’ils éprouvent au moins quelque honte.

 

Bertolt Brecht

Hinterlasse jetzt einen Kommentar

Kommentar hinterlassen

Entdecke mehr von Sicht vom Hochblauen

Jetzt abonnieren, um weiterzulesen und auf das gesamte Archiv zuzugreifen.

Weiterlesen