Politique sans scrupules Evelyn Hecht-Galinski Traduction : Christiane Reynaud

Politique sans scrupules

Evelyn Hecht-Galinski

Commentaire du 5 septembre 2023

Texte original : https://www.sichtvomhochblauen.de/kommentar-vom-hochblauen-politische-skrupellosigkeit-von-evelyn-hecht-galinski/

Traduction : Christiane Reynaud

 

J’observe la politique allemande actuelle et ses acteurs avec sidération.  Jamais je n’aurais cru possible que nous fassions à nouveau la guerre contre la Russie. Oui, NOUS sommes en guerre contre la Russie ! Nos politiciens veulent certes nous faire croire que nous ne sommes pas en guerre contre la Russie, mais que c’est la Russie qui est en guerre contre l’Ukraine. Mais peut-on se disculper de participer à la guerre quand on soutient aussi activement que nous le faisons l’Ukraine avec des armes et des milliards ? Qu’est-ce qui nous distingue encore de la guerre, ne sommes-nous pas déjà au seuil d’une guerre bien pire ? Combien de temps encore la Russie et Poutine peuvent-ils et vont-ils rester sans réagir alors que l’Ukraine, grâce au soutien occidental, s’avance de plus en plus en Russie et n’hésite pas à se livrer à des activités terroristes ?

 

Relations entre la Russie et l’Allemagne ruinées

Jamais je n’aurais cru possible qu’une politique étrangère verte et « russophobe » sous la direction d’Annalena Baerbock ruine à ce point les relations germano-russes. La ministre des Affaires étrangères Baerbock n’avait-elle pas parlé très tôt de ruiner la Russie et n’avait-elle pas déjà mis en garde, en mai 2022, contre la « lassitude de guerre » ? Ne voulait-elle pas punir Poutine pour ses « crimes originels » ? Est-ce vraiment défendre l’Ukraine et son « droit garanti par la Charte des Nations unies de défendre son pays et son peuple », comme Baerbock le déclare pompeusement ? Elle n’a même pas hésité à approuver « des drones sur Moscou » comme droit ukrainien à la défense !

Sous sa direction et celle de la coalition, l’Allemagne est entièrement placée sous « commandement étasunien ». Cette coalition fait tout pour que l’Ukraine devienne un avant-poste militaire des Etats-Unis et de l’OTAN. Il semble qu’ici, le gouvernement, et même l’opposition, considèrent le fait de « s’affranchir » de la Russie et de se placer entièrement sous le commandement des Etats-Unis et de l’OTAN comme un « acte de libération ».Nous voyons maintenant ce que cela signifie pour la population allemande. Un avenir coûteux et incertain, plein de promesses noires, jaunes, rouges et vertes peu crédibles.

Oui, c’est avec ce manque de scrupules de la politique que l’on va vers cette « nouvelle époque », avec de fausses déclarations, de faux pronostics et qu’on nous mène partialement vers le soutien à l’Ukraine et la guerre. Ce qui se dessinait déjà il y a des années, à savoir « une teinture en brun du parti vert », comme je l’avais écrit dans le titre de l’un de mes commentaires, est devenu entre-temps la « couleur à la mode » de la politique allemande de soutien à la guerre.

 

Deux poids, deux mesures des sanctions occidentales

Dans la „bonne vieille tradition allemande“ et avec impudence, la ministre des Affaires étrangères Baerbock a reproché à Poutine d’employer « la famine comme une arme », alors qu’elle préconise des sanctions sévères contre actuellement des pays comme le Niger, ce qui signifie exactement l’utilisation de la famine comme arme. Ces deux poids, deux mesures des sanctions et des pénalisations occidentales contre de très pauvres pays, ce n’est pas nouveau – tout cela pour ne pas perdre de l’influence et pour satisfaire sa cupidité pour les matières premières qui nous manquent. Alors que les coups d’Etat qui n’ont pas eu lieu sous la propre direction de l’Occident doivent être sanctionnés, si possible même par des guerres, les coups d’Etat « aux valeurs occidentales » sont encensés comme expressions démocratiques de volonté.

La ministre Baerbock a-t-elle au juste oublié l’un des pires crimes de guerre allemands de la Seconde Guerre mondiale, le blocus de Leningrad entre septembre 1942 et janvier 1944 ? Hitler avait personnellement ordonné ce blocus, qui a assiégé Leningrad pendant près de deux ans et demi. Pendant cette période, plus d’un million de personnes ont été tuées et sont mortes de faim à Leningrad. Hitler et le commandement suprême de la Wehrmacht avaient décidé : Leningrad ne sera pas conquise, mais seulement encerclée et affamée. Son calcul était de ne pas avoir à nourrir 2,5 millions de Russes mais de les éliminer en les affamant et en rasant la ville. Ce fut un génocide – officiellement classé comme tel – que la famille de Poutine a subi et qui l’a marqué à vie.

Baerbock parle à la légère et de manière totalement partiale de crimes de guerre et de génocides, mais ne dit pas un mot par exemple, des assassinats de Russes par des Ukrainiens dans le Donbass. Si la politique étrangère allemande « des valeurs » consiste à promouvoir les livraisons d’armes  et des bonnes relations avec des dictatures douteuses et des fascistes, la politique rouge-verte est si hypocrite que j’en rougis de honte et de colère.

 

Haine contre la Russie

La journée anti-guerre, le 1er septembre, ne vient-elle pas d’avoir eu lieu, en souvenir du déclenchement de la Seconde guerre mondiale avec l’invasion de la Pologne par l’armée allemande ? Avons-nous eu ce jour-là une cérémonie officielle de commémoration par les chefs de l’État, le président fédéral et le chancelier ? Scholz a préféré rendre visite aux astronautes du Centre allemand aéronautique et aérospatial (DLR) et de l’Agence spatiale européenne (ESA), pendant que Steinmeier était à Paris et dînait avec Macron.

Cela témoigne à mon avis d’un manque de scrupules politiques que, 84 ans seulement après l’opération Barbarossa – une guerre de pillage et d’extermination contre l’URSS qui ne s’est achevée qu’avec la capitulation de l’Allemagne en mai 1945 et environ 27 millions de morts soviétiques – on fomente à nouveau des tas de sanctions et attise une haine médiatique et politique contre la Russie. Ce conflit a commencé par un coup d’État en 2014 et se poursuit à nouveau avec les « descendants idéologiques des nazis allemands » (Patrick-Lawrence).

Des fascistes allemands avaient déjà collaboré avec des nationalistes ukrainiens (Organisation des nationalistes ukrainiens OUN), qui avaient activement aidé les fascistes allemands à assassiner des milliers de Juifs. N’oublions jamais que sur les six millions de Juifs assassinés pendant l’Holocauste, 1,5 million provenaient d’Ukraine. C’est pour moi d’autant plus incompréhensible que des Juifs soutiennent l’Ukraine et combattent les libérateurs d’Auschwitz, les soldats de l’Armée rouge et les Russes.

 

Cause commune avec les collaborateurs nazis et les tueurs de masse

Alors que, depuis le putsch de 2014, on attribue à nouveau des noms de rues et des monuments à des collaborateurs nazis et des tueurs de masse comme Bandera ainsi qu’aux bataillons nazis d’Azov, on élimine la culture russe et tout ce qui est russe en Ukraine. Oui, je suis sidérée avec quel manque de scrupules la politique ne tient aucun compte de tout ce qui est « suspect de nazisme » et que nous soutenions cette Ukraine, cet État nazi corrompu dans lequel on ne « défend en aucune façon notre liberté ». https://www.jungewelt.de/loginFailed.php?ref=/artikel/443425.wir-werden-nicht-vergessen.html

Nous avons à nouveau besoin d’une politique étrangère sans idéologie qui nous reconduise à des relations de bon voisinage avec la Russie – et pas en tant que vassal des États-Unis et annexe d’une politique de puissance et d’hégémonie qui nous apporte l’appauvrissement et la perte définitive de toute autodétermination.  Je suis sidérée par la politique de cette coalition qui, avec son dilettantisme et son esprit doctrinaire, promeut une AfD qui n’a rien d’autre à proposer que des critiques mais aucune solution. L’esprit nationaliste ne sert ni l’Allemagne ni la Russie. Il nous a déjà une fois entrainés dans la misère.

Si cette coalition, y compris la CDU et la CSU, continue dans cette direction de la « nouvelle époque » avec le soutien à l’Ukraine, la haine contre la Russie et le désastre économique, je prédis effectivement un sombre avenir pour nous tous.

 

Une campagne électorale en Bavière avec un arrière-goût

Nous avons également besoin d’une autre relation avec des politiciens comme Hubert Aiwanger, un homme qui, avec un tract antisémite dans la poche il y a 36 ans, utilise, semble-t-il, son frère qui s’est aussi empressé de l’aider, bien que selon des témoignages, ce frère n’ait jamais partagé l’idéologie de ce tract répugnant, contrairement à son frère Hubert. Mais cela reste finalement dans la famille ! On ne saura malheureusement jamais la vérité avec ce genre de « culture du souvenir ».

https://www.sueddeutsche.de/bayern/aiwanger-soeder-fragenkatalog-antworten-dokumentation-1.6190239

Il est écœurant de voir comment Hubert Aiwanger se présente et essaie de se mettre lui-même en scène en tant que victime innocente. Lui qui ne montre aucun remords, peut se la couler douce entre amateurs de bière sous un chapiteau de brasserie et se mettre à l’honneur comme une pop star mais on ne peut pas le tolérer pour une tâche politique.

https://www.t-online.de/region/muenchen/id_100236512/hubert-aiwanger-triumph-und-das-ekelhafte-butterbrotpapier-.html

Pourquoi n’a-t-il pas la décence de démissionner ? Parce qu’il fait de la politique sans scrupules et qu’il essaie de s’en sortir avec des « trous de mémoire », en suivant l’exemple des chanceliers et politiciens allemands souffrant de « blackout » qui n’étaient pas très regardants sur la vérité. Il sait en effet qu’il a derrière lui un partenaire de coalition CSU qui ne le renverra pas.

https://www.sueddeutsche.de/politik/luegner-und-wahrheitsverdreher-bis-sich-die-balken-biegen-1.278093

Oui, c’est la campagne électorale en Bavière. Et ce tract, le plus répugnant de tous, arrive juste au bon moment pour ses adversaires politiques rouges et verts. Tout cela a un arrière-goût, ce qui n’acquitte nullement Aiwanger de sa culpabilité ou de remords. Aiwanger est le super populiste d’un parti populiste unipersonnel. On ne devrait pas lui laisser faire des apparitions médiatisées dans des mémoriaux de camps de concentration ou chez des fonctionnaires juifs. Dans l’Allemagne des opportunistes, nous sommes en 2023 plus éloignés que jamais de la sincérité. Dans ce pays règne l’absence de scrupules politiques.

 

 

 

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